Un peu d'histoire

Le nom de la commune n'a pas pour origine l'apôtre Mathieu (l'église étant d'ailleurs placée sous le vocable de Saint-Martin), mais plus vraisemblablement le nom hébraïque Mathias, comme l'atteste l'actuelle prononciation occitane "Samatia" qui ne s'est pas laissée gagner par la confusion introduite par la francisation.

Un petit morceau du Limousin dont l'histoire se confond avec celle de sa province. "...une terre qui avait beaucoup servi déjà" dira d'elle Jean GIRAUDOUX, et il est vrai que depuis de nombreux siècles l'homme se promène dans notre pays. Ainsi les plus anciennes traces de présence relevées sur le territoire de la commune nous ramènent à l'âge du fer. Sont parvenus jusqu'à nous les tumili, ces monticules de terre recouvrant une sépulture et dont les fouilles, dans les années 1980, ont mis à jour hâches en pierre et urnes funéraires. A Saint-Mathieu comme ailleurs, ces tumuli jalonnent les routes de crêtes situées sur les interfluves (par exemple la route de Saint-Mathieu à la Chapelle Montbrandeix). Ces itinéraires celtiques, que l'on appelle localement des routes de pouge, évitaient consciencieusement les vallées pour des raisons évidentes de sécurité. Ils sont restés des lieux de passage fréquentés plusieurs millénaires après leur tracé puisque plusieurs départementales et voies communales actuelles suivent toujours leur parcours. 

Puis les romains sont arrivés et se sont mêlés aux populations déjà en place. De cette occupation gallo-romaine, il reste encore visibles, quelques éléments de construction de villa (exploitations rurales) tels que des tuiles à rebord ou encore des vestiges de murailles notamment au village des Bussières, toponyme fréquent en Limousin qui vient de buscus, le buis en latin, or cet arbuste qui apprécie les terrains calcaires, ne peut pousser spontanément chez nous que s’il y a une forte présence de chaux dans la terre, comme par exemple sur les ruines des anciennes villa gallo-romaine aux murs maçonnés à la chaux...). Mais c'est surtout au Moyen-Age que le bourg de Saint-Mathieu s'est développé. L'édification duchâteau-fort, situé derrière l'actuelle église, s'inscrit alors, comme les forteresses de Cromières, Vieux Château, et la Besse, dans une zone de défense à la limite du Limousin, des Charentes et du Périgord. Du château fort, aujourd'hui, il ne reste que les corps de bâtiments et des vestiges de douves. La dernière tour existante fut démolie en 1927. De sa construction en 1373 à sa vente comme bien national en 1799, ce château appartint à la même famille (ou à ses alliés) : les Vigier, dont les armes ornent le portail gothique flamboyant de l'église. C'est en effet à cette famille que l'on doit, vers 1486, l'agrandissement de l'église primitive du XII ème siècle et de la nef romane.

Tirant profit de la présence de ressources naturelles variées (eau, bois, minerai de fer), l'activité humaine s'est très rapidement consacrée à des productions pré-industrielles le long de la vallée de la Tardoire dont la plus originale de ses activités fut la confection de la côte de maille. Cet équipement est en effet adopté au XIIe siècle par toute l'armée, et de ce fait la production prend une expansion considérable dans les ateliers de Saint-Mathieu. Les hauts- fourneaux sont alimentés par le charbon tiré des taillis de châtaigniers et par le minerai de fer présent dans le sol. La force hydraulique fournie par les rivières ou les étangs assure le fonctionnement des marteaux pilons et des soufflets. Il existait encore à la fin du XVIIe siècle trois mailleries (Séchères, Le Buisson, la Couade qui produisit des pointes jusqu'en 1938...)et Saint-Mathieu, comme toute la zone limousine de contact avec le Périgord, fera longtemps de la forge sa spécialité. Mais, l'arrivée du fer lorrain à la fin du 19ème siècle et la substitution de la houille au charbon de bois mettront peu à peu un terme à cette industrie.

Toutefois, l'activité agricole qui a façonné nos paysages de prés, de haies et de bois a toujours été, bien entendu, prédominante. Les foires qui se tenaient le 13 de chaque mois drainaient des centaines d'animaux bovins ou porcins. Ainsi, avant la Seconde Guerre Mondiale, le 13 Septembre voyait se dérouler la foire aux haricots. Ce jour-là, sous la halle, c'est par tonnes que "les mongetas"(haricots blancs) étaient achetées par des commerçants venus de Charente et de Dordogne. Notre terroir donnant paraît-il à cette légumineuse une cuisson et un goût remarquable.

Tout au bout de la pointe Sud-Ouest de la Haute-Vienne, en lisière des départements de la Charente et de la Dordogne, vous trouverez Saint-Mathieu. Mais ne vous y trompez pas, vous êtes bien toujours en Limousin. La frontière géologique, historique et linguistique de notre vieux pays avec les provinces d 'Angoumois et du Périgord se trouvant une vingtaine de kilomètres plus loin.

Galerie de cartes postales anciennes